La Semaine internationale du transport et de la Logistique 2022 (SITL) de Villepinte organisait la semaine dernière la 8e édition de son start-up contest. À cette occasion, six jeunes pousses se sont présentées devant un jury de 11 directeurs logistiques. Customs Bridge, lauréat du concours, propose une plate-forme de classification douanière et la Société Fluviale de Logistique, mention spéciale du jury, un système d’automatisation du déchargement des transports fluviaux. (Photo SITL – au centre avec le prix, Charles Devaux, resp. partenariats et co-fondateur de Customs Bridge)
Début avril avait lieu la Semaine internationale du transport et de la logistique 2022 à Villepinte (Seine-Saint-Denis), l’occasion de mettre à l’honneur six start-ups et leurs concepts pour une logistique française plus compétitive. Le jury, composé de 11 directeurs logistiques, a déclaré Customs Bridge vainqueur de la 8e édition du Start-up Contest du salon. Une mention spéciale a par ailleurs été attribuée à la Société fluviale de logistique. Quatre autres start-ups mises à l’honneur ont également présenté leur projet durant un exposé de 5 minutes suivi de 2 minutes de questions-réponses.
Le vainqueur, Customs Bridge, propose une solution en SaaS d’aide au classement douanier, avec un accès à l’entièreté des réglementations européennes. L’outil se présente sous forme de moteur de classification automatique de produits fonctionnant grâce à l’IA d’OVHCloud.Il affecte directement le bon code douanier à chaque produit, mais c’est toujours l’opérateur humain qui prend la décision. Il existe aujourd’hui des milliards de produits importés contre environ 25 000 références douanières. Avec Customs Bridge, il suffit de rentrer son produit dans l’application, l’IA consulte ensuite les 25 000 références, et propose à l’utilisateur quelques codes d’importation qui pourraient convenir. Le but est d’aider les acteurs de la chaîne d’approvisionnement à réduire leurs risques financiers et juridiques en simplifiant les processus douaniers. La jeune pousse compte parmi ses clients Soget, BBL, Brico Dépôt ou encore Clasquin et est en train de développer une solution opérationnelle de télédéclaration douanière.
Mention spéciale pour la Société Fluviale de Logistique
La Société fluviale de logistique ne ressort pas gagnante, mais se voit tout de même attribuer une mention spéciale. Le système de manutention automatisé de palette avec un bras robotisé, de cette société de transport fluvial de marchandises palettisées pour la logistique urbaine réduit le temps et le coût de la manutention de la charge. Le navire stocke jusqu’à 300 palettes et le système en décharge ainsi une toutes les 30 secondes. La cadence et le volume de déchargement sont optimisés et le bateau est vidé en moins de 2 heures contre 5 à 7 heures en temps normal. Par ailleurs, pour réduire son empreinte carbone, la société veut construire un navire 100% électrique d’ici à 2023.
L’environnement, un enjeu logistique pour Searoutes
Parmi les autres candidats, Searoutes développe un logiciel basé sur des algorithmes complexes pour calculer le bilan carbone d’un conteneur de marchandises. Il prend en compte le plus de données possible pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre de ce dernier : temps de trajet, type de navire, carburant utilisé… Il propose ensuite des solutions de rechange moins polluantes. La start-up propose aussi de réaliser des audits afin de repérer où et quand le transporteur émet le plus de CO2. Le chargeur dispose ainsi d’une visibilité accrue sur l’empreinte carbone de ses prestataires et prend des décisions en toute connaissance de cause.
De plus, Searoutes propose un plan pour diminuer les émissions de CO2, par exemple grâce à des comparatifs en fonction des transports utilisés, des heures de livraison, des routes empruntées, etc. Sa solution et les calculs de ses algorithmes a été rendu conforme au cadre défini par le GLEC (Global logistics emissions council). Dans l’avenir, la start-up souhaite prendre en considération dans ses calculs tous les gaz à effet de serre et tous les types de carburants.
Trois solutions d’optimisation globale de la supply-chain
La deeptech Atoptima, quant à elle, est un éditeur de logiciels d’optimisation de la planification des tournées basé à Bordeaux. Grâce à sa plate-forme en SaaS et sa librairie de logiciels prêts à l’emploi, elle crée des solutions sur mesure, en fonction d’un cahier des charges, pour optimiser l’entièreté de la supply chain : gestion des stocks, préparation des colis, chargement, tournée de livraison. Cet outil peut être intégré à d’autres solutions préexistantes et fonctionner en parallèle de celles-ci. L’objectif est de réduire les coûts et de gagner du temps sur toute la chaîne.
Kuzzle, lui,développe des logiciels experts et une plate-forme IoT open source pour le traitement en masse de données issues de l’internet des objets. La solution intègre des fonctions telles que la sécurité et l’authentification, la gestion des API et des données temps réel, la géolocalisation ou le géo-fencing. Les logiciels experts sont spécialisés sur des verticales métiers comme la smart-city, le smart-building et la smart-industrie, ce dernier segment englobant la logistique et le transport. La ville, une usine ou encore les transports sont équipés de capteurs afin de remonter des informations relatives à l’heure d’arrivée sur la plate-forme, à la vitesse du véhicule, à la température, à la détection des chocs.
La parité aux abonnés absents
E.Trustexport enfin, propose une solution cloud de gestion des flux documentaires sur toute la supply chain. Elle dématérialise la totalité du dossier de transit international (liasse douanière, factures, plan et mode de livraison, etc.), afin de réduire les délais de livraison au client final et d’améliorer la productivité des équipes qui gèrent ces opérations. La solution est déjà utilisée par une centaine de clients, dans une trentaine de pays. Le traitement des informations dans le cloud donne aux utilisateurs un accès à toutes les données requises en avance, fluidifie ainsi les flux et accélère le traitement des informations. Les données sont hébergées dans trois datacenters en France et un à Atlanta aux États-Unis.
Un regret ? La parité était loin d’être au rendez-vous durant ce concours. En effet, le jury n’était composé que d’hommes, quant aux start-ups, seule Searoutes était représentée par une femme. Un constat qui a d’ailleurs valu à l’organisation de nombreuses critiques du public. D’autant qu’un grand nombre de conférences de la SITL étaient composées d’un panel entièrement masculin.
Clémence Tingry