Pour la 10e fois consécutive, le Grand Port Maritime de Dunkerque a terminé 2022 avec un trafic de conteneurs en croissance, des résultats dont s’est félicitée la présidente du conseil de surveillance. En 2023, le port entend faire valider le dossier de financement de son plan Cap 2020 et débuter la construction d’un transtockeur et d’un nouvel axe routier. (Photo : Port de Dunkerque / Axis)
À l’occasion de la conférence sur l’annonce des résultats 2022 et les perspectives 2023, Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance de Dunkerque-Port accompagnée par Maurine George le président du directoire et Daniel Deschodt, directeur commercial, a dressé le bilan de l’activité de l’année passée « 2022 s’inscrit dans la continuité de l’année 2021, avec une reprise de l’activité post-covid et une croissance de 1,5 % du trafic sur le port à 49 millions de tonnes (MT). Nous ne sommes cependant pas encore de retour à notre niveau de 52,6 MT de 2019 ».
Une croissance en partie tirée par le trafic de conteneurs en hausse de 14 % avec 745 000 EVP (équivalent vingt pieds) en 2022. « Le trafic de conteneurs ne cesse de croître depuis 10 ans. Nous sommes le 1er port français de transbordement avec notamment une progression de 62 % sur le trafic nord-européen », complète Emmanuelle Verger. En 2023, l’objectif principal consistera à boucler le plan Cap 2020 qui inclut la construction de 1 000 mètres de linéaire de quai en eau profonde supplémentaires et le doublement de la capacité de traitement de conteneurs d’ici à 2027. Les dossiers d’études environnementales et de financement devraient être validés cette année. Cependant, la présidente rappelle que le port de Dunkerque ne pourra pas « porter à lui seul ce projet de 400 M€. Au vu de son impact régional, national et européen en matière d’activité et de recrutement, nous espérons recevoir des aides à hauteur de 30 % ». La direction du port espère débuter les travaux dès 2024.
Développement de l’intermodalité maritime-rail
L’année 2022 a en outre été marquée par la mise en service de plusieurs infrastructures, à l’image du « dry port » grâce auquel le trafic ferroviaire conteneurisé a augmenté de 3 %. Ce terminal multimodal a désormais la capacité de traiter 4 trains complets par jour. Le projet avait notamment été soutenu par l’Etat dans le cadre de son plan de relance post-covid.
Parallèlement, le port de Dunkerque a inauguré son premier entrepôt logistique international baptisé DLI 1 en novembre dernier en présence du ministre des Transports, Clément Beaune. Construit sur une zone de 150 hectares, ce site de 400 000 m2, déjà entièrement réservé (en majorité par des entreprises belges), est conçu pour tout type de marchandises (sèches et températures dirigées). Dans un second temps, un entrepôt DLI 2 intégrant de petites zones logistiques avec un accès bord à quai à l’arrière ciblera la distribution de proximité (dernier kilomètre). Le groupe IDEC a remporté l’appel à manifestation d’intérêt pour ce projet intitulé le Passeur et envisage d’y accueillir, en plus de la logistique, des restaurants, des bureaux de PME et TPE ainsi qu’une ferme urbaine sur le toit. Le tout représente une surface d’environ 5 000 m2 au sol. Les études pour DLI 2 ont d’ores et déjà démarrées et un dossier devrait être proposé d’ici à 2024.
2023, début des chantiers
Par ailleurs, les travaux de réalisation d’un transtockeur baptisé TK01 d’une capacité de 68 000 palettes devraient débuter dès le premier trimestre 2023. La SDAN (Société de Développement Axe Nord), en charge du chantier, construira cet entrepôt à température négative au sein de la zone agroalimentaire du port où se trouve également l’usine de Clarebout (transformation de pommes de terre). La mise en service est prévue dès le troisième trimestre. La production annuelle de l’industriel, représentant 30 000 EVP, contribuera notamment à rééquilibrer les flux maritimes du port, notamment vis-à-vis de l’Amérique Latine. Actuellement, Dunkerque importe plus qu’il n’exporte de marchandises vers cette région du monde. Cette usine représente un investissement de 140 M€ et engendrera 300 nouveaux emplois.
Du côté des transports routiers, des travaux de création d’une nouvelle desserte routière pour relier Loon-Plage à Graveline devraient devraient également dès le troisième trimestre. Il s’agit d’accompagner le développement de l’agglomération environnante ainsi que de renforcer l’activité sur la zone ouest du port.
78 M€ d’investissements prévus en 2023
Dans le cadre de son engagement environnemental, le port de Dunkerque prévoit également de mettre en place un nouveau réseau de récupération et de redistribution de la chaleur fatale interindustries (chaleur générée par un procédé dont l’objectif premier n’est pas la production d’énergie, et qui de ce fait n’est pas récupérée). Il espère récupérer au moins 50 % de cette chaleur et économiser à terme 100 000 tonnes de CO2. Le port a en partie confié le projet, dont la date de démarrage n’a pas été précisée, à la société de service et d’ingénierie spécialisée Era Energie.
Après une année 2022 dont l’enveloppe d’investissement de 80 M€ a nettement augmenté par rapport à 2021 (50 M€), le port de Dunkerque devrait encore investir 78 M€ en 2023 « pour poursuivre le développement du port et procéder au rattrapage des années antérieures », comme l’a précisé la présidente du conseil de surveillance.
Clémence Tingry