Log’s exploitera le jumeau numérique de CEA Tech pour répondre aux appels d’offres

Le fournisseur de services et solutions logistique Log’s participe au projet de jumeau numérique Sonaris du CEA Tech. Il l’expérimente et le mettra en œuvre dès 2022 pour ses propres entrepôts. Mais il compte aussi progressivement s’en servir pour ses clients actuels et pour proposer différentes options dans ses réponses à appels d’offres. (photo Log’s D)

Le prestataire logistique Log‘s collabore depuis 2019 au projet Sonaris de jumeau logistique du CEA Tech. Log’s a choisi de tester le système réservé à l’entreposage car c’est son cœur de métier. Le pilotage transport ne représentant qu’environ 30 M€ de CA sur 200 M€. Le CEA Tech en développe deux autres pour l’activité portuaire et l’optimisation des flux. Pour l’instant, Log’s expérimente l’outil pour ses propres sites et son fonctionnement interne. Mais il compte aussi l’exploiter pour ses clients. « La majorité de nos clients ont une croissance importante et beaucoup d’entre eux se sont lancés pour la première fois en 2020 dans le e-commerce ou le click-and-collect, raconte Valentin Vola, chef de projet innovation de Log’s. Quand la solution arrivera à maturité, dès le début 2022, le jumeau numérique nous aidera à choisir avec eux, par itérations successives, le meilleur scénario possible avec les contraintes existantes. Il aide à faire le choix des bonnes ressources affectées au bon endroit. Il nous permet aussi de présenter plusieurs scénarios au client. Enfin, nous conservons cette bibliothèque de cas pratiques pour les adapter et les réutiliser. »

Décrire des scénarios différents dans les réponses à appels d’offres

Enfin, dans l’avenir, Log’s se servira aussi de la solution du CEA Tech pour proposer plusieurs scénarios dans ses réponses à appels d’offres. « Nous pourrons décrire un projet avec un gain de productivité, une autre avec un gain en réactivité ou encore en qualité, pour répondre aux multitudes de questions des prospects, espère Valentin Vola. Et ce système nous permettra, qui plus est, de répondre dans les délais de plus en plus courts exigés pour ces démarches. »

Le chef de projet innovations évoque les nombreuses possibilités du système. « On peut observer l’impact de l’embauche de 5 personnes supplémentaires pour gérer un pic d’activité, imagine-t-il par exemple. Si cela n’augmente pas systématiquement la productivité, on joue un autre scénario, à effectif constant, mais avec un responsable de l’arrivée des transports en amont par exemple. Et si on optimise ainsi la réception, doit-on faire de même avec le reste de l’organisation ? On pourra aussi observer l’impact sur le flux d’un passage en trois équipes en 24h sur 24 et 7 jours sur 7. »

Les données d’activité réelle nécessaires à la modélisation sont donc extraites d’un S.I. donné, puis entrées dans le système installé sur un ordinateur autonome. (Photo CEA Tech)

Recueillir les problématiques métiers et les spécifications

C’est le CEA Tech qui a sollicité Log’s pour le projet dès 2018. Il a visité les entrepôts, s’est rapproché des opérateurs, des chefs d’équipes, des responsables de sites ou encore des employés qui travaillent sur les réponses à appels d’offres… « Ils se sont imprégnés de nos savoir-faire sur tous ces sujets pour recueillir nos problématiques métiers réelles, les spécifications associées, et ainsi concevoir le jumeau », raconte Valentin Vola. Le logisticien contribue toujours aux comités de pilotage de Sonaris, participe aux tests utilisateurs, se rend au CEA Tech, mais n’a pas encore partagé ses résultats avec ses clients. « C’est un peu trop tôt, estime le chef de projet innovation. En revanche, tout sera opérationnel pour début 2022. » L’entreprise réalise de premières optimisations pour sa propre activité intralogistique afin de prendre en main le dispositif et de juger de la pertinence des résultats.

« Nous attendons des périodes complexes pour valider en réel, poursuit Valentin Vola. Mais nous avons déjà des résultats intéressants. Nous avons constaté par exemple qu’avec un trop grand nombre de camions en réception, plutôt que de jouer sur le nombre de personnes à cette étape, mieux vaut optimiser la palettisation. » Comme il le fera pour toutes les modélisations, Log’s a figé dans le jumeau, l’organisation existante réelle et son comportement avec 20 camions et ses résultats. Il a ensuite fait varier différents paramètres pour étudier plusieurs solutions.

Un accès direct pour les équipes de terrain

Le jumeau numérique n’est pas encore connecté directement au système d’information. Il compte de trop nombreux WMS (warehouse management system) et TMS (transport management system) différents qui demanderaient de multiples passerelles. Les données d’activité réelle nécessaires à la modélisation sont donc extraites d’un S.I. donné, puis entrées dans le système installé sur un ordinateur autonome. Ne reste plus qu’à faire varier divers paramètres. En fonctionnant par modélisation du réel et simulation, et par itérations, le jumeau numérique pourrait se révéler plus agile et adaptable en logistique qu’une solution de machine learning par exemple. Et ainsi fournir une réponse adaptée à la complexité croissance du domaine.

Le service méthode, le bureau d’études, la cellule innovations de Log’s utiliseront le jumeau, mais ce sera aussi le cas des équipes de terrain, directeurs d’exploitation, chefs d’équipes, etc. « S’ils ont un problème de picking, ils évalueront directement dans le système, sur le site, des hypothèses de postes étalés, d’heures supplémentaires, etc. » Pour Valentin Vola, le jumeau numérique sera aussi particulièrement intéressant pour organiser la cohabitation sur les sites multiclients de Log’s.

Emmanuelle Delsol