Le géant des robots Boston Dynamics prépare son arrivée dans la logistique

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L’Américain Boston Dynamics, concepteur de robots capables de reproduire les capacités humaines, prépare ses machines pour le monde de la logistique. Apprécié des mondes militaires, le géant pourrait bouleverser un marché sur lequel les robots s’inspirent encore bien davantage des machines industrielles que du comportement humain ou animal.

Connu pour ses robots à usages militaires principalement, l’Américain Boston Dynamics s’attaque désormais à la logistique. À l’occasion de la conférence Disrupt 2020, son CEO, Robert Playter interrogé par Techcrunch, a ainsi évoqué pour les deux années à venir une stratégie orientée vers ce nouveau secteur avec plusieurs modèles. Une stratégie qui sera détaillée en 2021 avec de premiers produits disponibles en 2022. L’Américain arriverait ainsi sur le marché avec des systèmes de déplacement d’articles ou de colis totalement atypiques. Robert Playter a affirmé que plusieurs de ses clients étaient déjà en phase de POC (Proof of concept).

Handle, un robot gallinacé pour un picking intelligent

Boston Dynamics dispose déjà de prototypes avancés. Dans une de ses vidéos de mars 2020, on voit ainsi Handle, étrange monstre de métal aux faux airs de gallinacé géant, aller et venir en balançant son grand corps, entre les étagères d’un stock et des AGV (Automated guided vehicle). Au-delà de ses capacités physiques qui n’en font pas forcément une alternative intéressante aux humains ou à d’autres robots (même s’il soulève jusqu’à 15kg), ses vrais atouts sont dans son système logiciel basé sur l’IA qui lui donne en particulier l’aptitude de travailler en collaboration avec d’autres machines. Handle est inspiré des robots industriels traditionnels de picking tout comme Pick, plus simple et installé sur un pied fixe, à ceci près que lui aussi intègre du machine learning pour s’adapter au flux.

L’industriel propose des robots « de base » à ses clients pour que ceux-ci les adaptent à leurs usages ou ceux de leurs propres clients. De l’aveu même de Boston Dynamics, cité par Techcrunch, les acheteurs eux-mêmes ne savent pas toujours quelle pourrait être l’utilisation du produit.

Les vidéos des étranges robots de Boston Dynamics fascinent depuis longtemps sur les réseaux. Qu’il s’agisse de ses quadrupèdes Littledog, Bigdog Wildcat courant après un ennemi invisible ou de son androïde bipède Atlas sautant les obstacles mieux que l’homme qui valait 3 milliards… Tout aussi effrayants les uns que les autres. Reste que l’Américain est un des concepteurs les plus innovants sur ce marché. Sa R&D travaille sur la capacité des robots à reproduire les gestes, les attitudes, mais aussi les comportements de certains animaux et des êtres humains. Il a vaincu la marche, la course et même le saut…

Des usages jusque-là principalement militaires

Les modèles déjà vendus par Boston Dynamics le sont principalement à l’armée pour des usages sur les terrains de guerre ou lors de catastrophe naturelle. Ils vont là où ni les humains ni les chiens ne peuvent plus évoluer pour des raisons sanitaires ou de dangerosité. La pandémie de Covid-19 a aussi donné à l’industriel et à ses clients un nouveau terrain de jeu puisque des zones habituellement praticables sont devenues risquées. Son petit dernier, le quadrupède Spot a été sollicité pour la désinfection d’espaces ou l’apport de soins à distance à certains patients. C’est le premier robot de Boston Dynamics produit à grande échelle.

Des regrets pour Google ?

L’arrivée de l’industriel dans la logistique a peut-être de quoi donner des regrets à Alphabet qui aurait pu concurrencer Amazon Robotics sur ce terrain. La maison mère de Google a en effet acquis Boston Logistics en 2013 avant de le revendre au Japonais Softbank en 2018, faute de lui trouver un modèle économique. Le marché mondial des robots logistiques est pourtant estimé par le cabinet Fortune Business Insights à près de 13 milliards d’euros avec une croissance annuelle proche de 16%. Des chiffres sous-estimés sans doute, puisqu’ils se basent sur les prévisions des acteurs traditionnels du secteur et n’intègrent ni Boston Robotics, ni même les AGV goods-to-men d’Amazon Robotics et consorts qui suscitent pourtant un intérêt croissant dans les entrepôts.

Emmanuelle Delsol

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