L’éditeur américain a présenté la nouvelle version de son WMS, entièrement réécrite nativement dans le cloud avec des micro-services. Objectif : rendre l’ensemble plus flexible en fonction des situations et proposer le même niveau d’innovation à tous les clients en même temps. (Capture Manhattan Associates)
Depuis 4 ans, les équipes de développement et de R&D de l’éditeur Manhattan Associates ont travaillé à une réécriture complète de sa plateforme WMS. Une démarche progressive qui vient d’aboutir à une solution finalisée, nativement cloud et basée sur des micro-services. En 2019, le Gartner avait positionné l’éditeur américain spécialisé dans la logistique à la meilleure place dans la case des leaders de son Magic Quadrant. Développée en collaboration entre la R&D et les clients, elle s’est débarrassée d’un historique technique ancien et a réinjecté son expérience du métier. L’objectif de cette réécriture était de proposer une solution modulaire plus flexible pour la clientèle de Manhattan Associates, principalement issue de la distribution. Elle fournit aussi une version au même niveau à tous les clients, rendue pour l’occasion plus simple et ergonomique à manipuler.
La même version pour tous les clients à un instant t
Manhattan Active Warehouse Management est désormais constitué de microservices gérant leurs propres données et capables de s’instancier les uns les autres. Cela évite les opérations doublons et les interfaçages lourds hérités de la version J2EE qui s’appuyait sur des bases Oracle ou IMDB. « Notre WMS était déjà disponible en facturation par SaaS mais il était simplement hébergé dans le cloud, a précisé à Enjeux Logistiques, Rémi Coolen, directeur des solutions métier chez Manhattan Associates en France. » La nouvelle version nativement cloud permet d’instancier des composants à la volée en cas de pic de demande sur une fonction particulière, par exemple. Comme le précise l’éditeur, Manhattan Active Warehouse Management est aujourd’hui disponible sur Google Cloud, mais la plateforme sous-jacente, Manhattan Active platform, est conçue avec une combinaison de technologies open-source et propriétaires dont Spring Boot, Java, Docker et Kubernetes, pour qu’elle soit adaptable à de futures évolutions et exploitable depuis n’importe quel cloud.
« Un de nos objectifs majeurs était de réduire le délai de mise à disposition de notre innovation chez nos clients, poursuit Rémi Coolen. Entre la réception d’une demande d’évolution par un client et sa mise en œuvre dans une nouvelle version chez tous les autres clients qui en avaient besoin, il fallait parfois plusieurs années. » L’éditeur livrera désormais chaque trimestre de nouvelles fonctions majeures documentées, mais le logiciel sera en réalité mis à jour deux fois par semaine. A un instant t, tous les clients auront la même version. Avec son OMS (Order management system) déjà nativement cloud depuis 2017, Manhattan Associates a même répondu en temps réel à des demandes de clients confrontés à des besoins inhabituels à cause du covid-19 : livraison depuis les magasins ou activité multipliée par 5 dans les entrepôts.
Expérience utilisateur et gamification
La transformation de l’architecture du WMS a permis l’unification des produits WMS, labour management (gestion des ressources, des performances et de l’engagement des opérateurs) et slotting management (assignation des produits dans les lignes de picking de l’entrepôt). S’ils étaient déjà interfacés nativement, aujourd’hui chacun est un composant à part entière avec ses propres données. « Avec notre solution traditionnelle, nous avions une visibilité sur les emplacements dans le WMS, et une autre dans le slotting, raconte Rémi Coolen. Aujourd’hui, ils ne sont plus que dans ce dernier et chaque composant est responsable de ses données propres. Autre exemple, pour associer une nouvelle référence à un emplacement dans un entrepôt (slotting), il fallait faire appel à la gestion de lignes dans le slotting. Aujourd’hui, un service dans le WMS appelle directement le composant idoine dans le slotting. »
La nouvelle plateforme a aussi été l’objet d’un effort imposant pour la rendre plus conviviale et accessible à tous, selon l’éditeur. Elle est configurable et utilisable directement par les métiers, sans passer par l’informatique. « Pour la partie configuration, nous avons beaucoup travaillé sur la logique d’exception, précise Rémi Coolen. Nous proposons des composants standards, et le paramétrage ne concerne que le non standard. » Si un client a par exemple une tolérance de réception de colis par les fournisseurs, établie à 50%, il peut préciser une tolérance zéro pour une certaine classe de produit sou de fournisseurs, ou pour une typologie particulière de flux entrant (gros, détail, e-commerce).
Manhattan Associates a une clientèle historique d’entreprises de distribution spécialisée dans la mode, le bricolage, etc. mais aussi de plus en plus dans l’agroalimentaire, l’industrie voire la logistique. Le premier client du nouveau Manhattan Active Warehouse Management est d’ailleurs Pet Supply Plus, distributeur américain de produits pour animaux. Ces profils de sociétés requièrent de la flexibilité avec des process simples et optimisés, pour gérer par exemple dans un même entrepôt, des flux de e-commerce, de détail et de gros.
Un réseau de partenaires robotiques
L’interface utilisateur a aussi été revue pour les opérateurs. 100% des transactions sont désormais gérées sur des apps mobiles, avec des écrans tactiles, des icônes et des messages d’erreur en couleur et non plus des terminaux fixes en noir et blanc ! Plus globalement, l’expérience utilisateur à été repensée pour être plus cohérente.
Enfin, le labour management qui intègre la gestion de performance des opérateurs a, lui, été gamifié. Il est possible de lancer des défis sur telle ou telle activité, voire de gratifier certains employés. Le module a évolué au-delà des indicateurs traditionnels de nombre de lignes de commande ou de prises de produit. Ceux-ci intègrent désormais les spécificités : poids des produits, distance entre les produits dans l’entrepôt, etc.
Pour sa nouvelle version, Manhattan travaille aussi avec un réseau de fournisseurs principalement américains de robotique logistique pour l’intégration clé en main de leurs solutions : les cobots de préparation de commande de Locus Robotics ou les bras mécaniques Kindred qui robotisent le tri, par exemple. « Notre nouvelle version nous permet aussi de mettre directement à disposition de tous nos clients, l’intégration réalisée avec un fournisseur et mise en œuvre dans une entreprise spécifique. »
Bientôt de l’IA
L’éditeur devrait enfin injecter progressivement de l’IA dans son offre. Les premiers cas d’usage portant surtout sur l’amélioration de l’orchestration des commandes (OMS), pour évaluer le temps pris par les différentes missions pour s’exécuter et ne lancer le process ni trop tôt pour ne pas encombrer les ateliers, ni trop tard pour livrer les clients en temps et en heure. « Ces estimations étaient réalisées par configuration fine des temps standards pour aller dans une allée ou une autre, atteindre tel carton, etc., précise Rémi Coolen. Aujourd’hui, ce sont les algorithmes qui déduisent automatiquement le temps de préparation ou le calcul des tâches à partir de la composition de la commande. » Pour le directeur des solutions métier chez Manhattan Associates, la nouvelle version du WMS exploite davantage de sciences de l’optimisation pour le colisage, par exemple : anticipation du nombre, de la taille, du format des colis, de la taille, avec des algorithmes traditionnels de recherche opérationnelle, par exemple. Une architecture favorable au déploiement de l’IA dans l’avenir. Mais pour l’instant, sans d’apprentissage.
Emmanuelle Delsol