À l’occasion de la SITL qui a lieu à Paris du 5 au 8 avril 2022, les représentants de cinq candidats à l’élection présidentielle ont dévoilé leurs propositions pour une logistique française plus performante. Au programme, intermodalité, décarbonation, revalorisation des métiers et gouvernance locale. (Photo C.Tingry)
La conférence d’ouverture de l’édition 2022 de la Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL) à Villepinte réunissait sur scène cinq représentants des candidats à l’élection présidentielle et la présidente de France logistique, Anne-Marie Idrac. Jean-Marc Zulesi (LREM), Franck Briffaut (Rassemblement National), Olivier Jacquin (PS), Bérenger Cernon (La France Insoumise) et Sébastien Pilard (Reconquête) ont ainsi présenté chacun leur tour les propositions de leur candidat pour une logistique française plus compétitive. N’ont été conviés que les représentants des candidats dont la côte dépassait 5% au moment de l’invitation. Alors que la tension était palpable entre certains intervenants, des similarités ont malgré tout émergé dans leurs propositions comme la revalorisation des métiers de la logistique, l’investissement dans des plates-formes intermodales et la décarbonation des transports.
L’intermodalité : un enjeu pour Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon
Bien qu’aux deux extrémités de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour se rejoignent sur leur volonté d’investir dans une logistique intermodale. Cependant, alors que La France Insoumise porte sa réflexion sur la rénovation du fret ferroviaire, Reconquête se concentre sur le secteur portuaire. À gauche, Jean-Luc Mélenchon envisage d’une part, d’investir 6 Md€ par an pour rénover toute l’infrastructure ferroviaire française et d’autre part de renationaliser la SNCF et de mettre fin à son ouverture à la concurrence. Il ambitionne par ailleurs de créer des plates-formes intermodales afin de mieux connecter les frets routiers et ferroviaires. À droite, Éric Zemmour compte investir massivement dans la rénovation des ports de Marseille et du Havre afin qu’ils retrouvent un rang mondial élevé. Le renforcement d’une politique de cabotage maritime française a également été mentionné par Sébastien Pilard avec notamment la mise en place d’une collaboration accrue entre les deux ports français principaux et des ports secondaires tels Saint-Nazaire ou La Rochelle.
Revaloriser les métiers logistiques
La revalorisation des métiers du secteur est un enjeu pour tous les candidats. Ainsi, La France Insoumise (LFI) propose-t-elle de remettre en place les critères de pénibilité sur toute la filière logistique afin d’avancer l’âge de la retraite, d’instaurer le SMIC à 1 400€ net et de revaloriser le reste des salaires. Côté formation, Jean-Luc Mélenchon compte créer des formations en interne 36h par an pour tous les salariés afin d’encourager l’évolution des carrières intraentreprise. De même, il souhaite reconstruire les filières d’études professionnelles en créant 8 000 nouvelles places au sein de ces dernières.
La République en Marche souhaite tripler la prime Macron en augmentant son plafond à 6 000 €. Celle-ci est destinée aux salariés dont la rémunération est inférieure à trois fois le montant du SMIC et travaillant dans une entreprise qui a conclu un accord d’intéressement. Emmanuel Macron souhaite également travailler à la digitalisation des métiers de la logistique afin de les rendre plus attractifs, notamment pour la nouvelle génération. « Il faut travailler sur une image plus positive de ces métiers. La digitalisation est un moyen d’attirer les jeunes. », a déclaré Jean-Marc Zulesi, représentant LREM.
Les représentants de Marine Le Pen et d’Anne Hidalgo ont également mentionné l’importance de revaloriser les métiers de la logistique sans pour autant apporter plus de détails quant aux moyens de le faire. « Il n’y a pas d’économie sans industrie et il n’y a pas d’industrie sans logistique, a insisté le représentant d’Éric Zemmour. Ces métiers sont essentiels au pays ».
Décarboner la logistique
Au sujet du développement durable, même son de cloche chez Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo. Pour les quatre candidats, il faut accompagner la décarbonation du secteur. Pour cela, LREM mise sur l’innovation avec le développement du mix énergétique, à savoir l’utilisation dans un même endroit de plusieurs énergies renouvelables telles que l’hydrogène ou l’électrique. Les représentants de RN et LFI ont, quant à eux, mis en avant la nécessité d’améliorer le maillage national pour mieux connecter la route, le rail et le maritime et inciter les entreprises à utiliser des moyens de transports plus écologiques. Enfin, le PS explique miser sur le principe du pollueur-payeur pour encourager les entreprises logistiques à investir dans leur transition écologique. Reconquête ne suit pas le mouvement en revanche. En effet, pour Éric Zemmour, la décision de décarboner, d’enclencher une transition écologique ou de recourir à des énergies renouvelables doit revenir aux entreprises et non au gouvernement.
Gouvernance locale, désaccords idéologiques, débat politique
Mentionnée par tous les représentants, la gouvernance apparaît comme un enjeu majeur bien que peu de propositions concrètes aient été développées. Il ressort néanmoins de la discussion qu’il est aujourd’hui impératif d’inclure les collectivités locales, les régions et les départements dans le processus de création de la stratégie logistique nationale.
Enfin, si certains intervenants comme Jean-Marc Zulesi (LREM), Bérenger Cernon (LFI) et Sébastien Pilard (Reconquête) ont exposé concrètement les propositions de leur candidat, Franck Briffaut (RN) et Olivier Jacquin (PS) sont de leur côté restés assez vagues. En effet, ils ont passé la majorité des six minutes qui leur étaient accordées à dresser le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron et à énumérer ce qu’il n’a pas mis en œuvre. Et finalement, ils n’ont détaillé presque aucune de leurs propositions lors de cette conférence d’ouverture.
Clémence Tingry