En 2020, le transporteur routier Jardel dirigé par Karine Mascaras, a déployé Jard’elles, une initiative pour rendre le métier de conductrice de camion plus accessible aux femmes avec un parcours de formation d’une durée de 6 mois. À la clé pour celles qui le suivent, un CDI au sein de l’entreprise. (Photo Jardel/Youtube)
Fin 2020, le transporteur routier toulousain Jardel a lancé son initiative Jard’elles. Menée par la directrice générale, Karine Mascaras et la responsable du recrutement, Sonia Tahari, celle-ci vise à ouvrir plus largement le métier de conductrice poids lourds aux femmes. « Notre objectif était double. D’un côté, pallier le manque de conducteurs et de l’autre, féminiser le monde du transport, explique Karine Mascaras. Aujourd’hui, les véhicules sont très évolués et modernes. La manutention qui était difficile auparavant s’est automatisée avec le temps, donnant la possibilité aux femmes de la faire ».
Le transporteur s’appuie sur le centre de formation et de partenaires institutionnels tels que Pôle Emploi. Pour le moment, deux formations ont d’ores et déjà eu lieu, à Toulouse et à Bordeaux. Chacune a réuni une dizaine de stagiaires sur une durée de 6 mois à l’issue desquels les participantes ont reçu un titre professionnel, équivalenct reconnu d’un CAP. Par ailleur, Jardel leur propose un CDI au sein de ses effectifs. L’entreprise a déjà recruté 10 femmes qui parcourent désormais la France au volant de leur 44 tonnes.
Plusieurs étapes de formations et un investissement pour Jardel
Le parcours de recrutement compte 5 étapes. Dans un premier temps, toutes les femmes inscrites chez Pôle Emploi ou demandeuses d’emploi souhaitant se renseigner sur le métier de conductrice peuvent participer à une session de présentation. Ensuite, celles d’entre elles intéressées par le cursus passent des tests de niveau d’écriture, de lecture et de calcul, suivis de tests pratiques. Enfin, elles ont des entretiens individuels avant d’être immergées dans la profession.
Une fois ces étapes validées, elles accèdent à la formation qui inclut une partie théorique puis pratique avec notamment l’acquisition des permis C (poids lourd) et CE (plus de 3,5 tonnes). « Lorsque les jeunes femmes rejoignent notre formation, elles viennent d’abord sur certains de nos sites afin de choisir leur activité et leurs horaires. Ça peut être de la traction, de la messagerie, du travail de nuit, des horaires décalés. C’est important qu’elles soient satisfaites de leur affectation. Ensuite, chacune est présentée à son référent qui sera son tuteur », raconte la directrice générale.
Les femmes à la direction de Jardel
Ces formations représentent un investissement autant humain qu’économique pour Jardel, puisqu’une fois la formation théorique terminée, l’apprentissage pratique au sein de l’entreprise commence. Durant cette période, les stagiaires sont sous contrat de professionnalisation, considérées comme des employées et donc payées. Pour autant, elles ne produisent pas de valeur pour l’entreprise. « Nous investissons en elles. C’est comme un contrat. Nous leur permettons d’accéder à un CDI, en échange, elles restent un petit moment chez Jardel », précise la directrice générale.
Si l’initiative Jard’elles vise uniquement le métier de conductrice, l’entreprise dans son ensemble, met également tout en œuvre en faveur de la parité. En témoigne les postes de directrice générale, DRH, DAF, tous trois occupés par des femmes. Elles sont accompagnées dans leurs missions par une responsable du recrutement, une responsable communication et des directrices d’exploitation.
Clémence Tingry