Les tensions sur le recrutement s’accentuent dans les transports routiegrs de marchandises comme le montre le cabinet de conseil Kyu dans son dernier baromètre. Le métier de chauffeur routier est le premier concerné, suivi par ceux de la maintenance. (Photo : Pixabay/Schwoaze)
Entre 2018 et 2020, le transport routier de fret a enregistré un indice de tension sur le recrutement de 63 % supérieur à celui de la moyenne nationale. Une situation qui perdure, comme le révèle le dernier baromètre du cabinet de conseil Kyu. Principaux métiers en tension, les chauffeurs poids lourds, super poids lourds et livreurs représentent près d’un tiers des offres d’emploi en France.
Première raison de la pénurie de candidats dans ces métiers, les conditions de travail. Être conducteur signifie souvent s’absenter de son domicile plusieurs jours durant, travailler le week-end et les jours fériés, pour un salaire qui, selon l’Insee, dépasse rarement plus de 2 600 € brut par mois. D’autant que l’inflation ressentie en Europe depuis quelques mois a contrebalancé l’augmentation des salaires (+2,1% entre décembre 2021 et mars 2022). A cela s’ajoute le manque de perspective d’évolution professionnelle.
Le 4e métier avec le plus de postes à pourvoir
Selon Kyu, la situation devrait perdurer voire s’accentuer dans les prochaines années. Beaucoup d’employés partiront à la retraite d’ici à 2030 et les entreprises devront les remplacer. Ce métier sera alors le 4e de France avec le plus de postes à pourvoir. Mais la pénurie de candidats ne touche pas que les chauffeurs routiers et les livreurs. Les métiers de la maintenance avec en tête, les ouvriers qualifiés, les mécaniciens et les électroniciens, sont également impactés.
Avec 30 % d’offres d’emploi publiées, les régions Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes concentrent les principaux besoins. Juste derrière, on trouve les Pays de la Loire, la Corse, la Normandie et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Une charte de développement de l’emploi et des compétences signée avec le gouvernement
Pour faire face à ces tensions, de nouveaux leviers ont été activés. Les entreprises du secteur proposent ainsi plus de contrats en CDI et à temps complet. Ils représentent respectivement 79 % et 81 % des emplois proposés aujourd’hui, soit des augmentations de 3 et 4 points depuis 2019.
Enfin, la filière transport et le gouvernement ont signé en mars 2022 une charte de développement de l’emploi et des compétences. Selon le ministère du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion, elle vise à orienter les jeunes et les adultes en reconversion vers le secteur des transports au travers d’actions de sensibilisation, à rendre ces métiers plus attractifs en améliorant les conditions de travail et en valorisant les compétences, à lutter contre la concurrence abusive et le travail illégal, ainsi qu’à développer les compétences des travailleurs grâce à de l’apprentissage et à une modernisation de l’offre de formation. Pour l’instant, aucun détail supplémentaire n’a été apporté.
Clémence Tingry