But Logistique adopte un exosquelette dans ses entrepôts pour soulager le port de charges

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Depuis un an, la division But Logistique utilise les exosquelettes de la start-up lilloise Japet. Equipés de petits moteurs, ces ceintures lombaires soulagent le dos en prenant en charge la pression habituellement supportée par la colonne vertébrale lorsqu’un opérateur porte un colis. L’entreprise cherche ainsi à améliorer les conditions de travail de ses employés, à prévenir et diminuer leurs problèmes de dos et de nuque et à réduire le nombre d’arrêts maladie. (Photo : Japet)

Depuis un an, deux entrepôts But Logistique utilisent les exosquelettes conçus par la start-up lilloise Japet afin d’améliorer les conditions de travail et réduire les problèmes de dos des employés, et ainsi de réduire le nombre et le coût des arrêts de travail. Spécialisée dans les solutions biomécaniques pour renforcer le dos, la jeune pousse développe un produit alliant les sciences médicales et la robotique.

C’est Thomas Daudré-Vignier qui a eu l’idée de recourir aux exosquelettes de Japet. Il dirige deux bases logistiques But situées près de Lyon qui desservent 322 magasins partout en France. A ce titre, il dit porter une attention particulière aux conditions de travail de ses employés. En témoigne l’échauffement musculaire obligatoire qu’il a mis en place à chaque début de journée, avant même de collaborer avec Japet.

Avec les exosquelettes, Thomas Daudré-Vignier continue sur sa lancée et souhaite diminuer la pénibilité du travail, notamment les problèmes de dos et de nuque liés au port de colis. Chez But Logistique, les dispositifs sont destinés en priorité aux opérateurs qui manipulent des charges. Le directeur des sites avait déjà testé un exosquelette qui ne l’avait pas satisfait, avant de se tourner vers Japet. « Ce qui nous a convaincus, c’est leur démarche de prévention et d’analyse. Ils cherchent à savoir si leur matériel correspond aux besoins de l’entreprise, en analysant ces derniers ainsi que les postes de travail ».

Une ceinture lombaire motorisée

L’exosquelette de Japet se présente comme une ceinture lombaire classique qui s’enfile autour de la taille. Cette structure externe au corps va venir accompagner les mouvements de l’utilisateur et soutenir sa colonne vertébrale. Via une molette située sur le devant, il s’adapte à la morphologie de l’usager en se serrant ou se desserrant. Une fois installé, il suffit d’allumer le mécanisme grâce à des boutons situés à l’avant. Les moteurs présents à l’intérieur de la ceinture se déploient, et prennent en charge les fonctions dorsales à la place de la colonne vertébrale et évitent ainsi la pression sur cette dernière. Vendu 5 000 € pièce et destiné en priorité au milieu professionnel, l’équipement a pour but de soulager les employés dans leurs mouvements quotidiens. Cependant, il est également utilisé en hôpital pour le soin de patients souffrant de lombalgie.

L’exosquelette de Japet soulage la colonne vertébrale de la pression exercée lors du transport d’un colis. (photo Japet)

Le partenariat entre les deux entreprises a démarré il y a un an. Japet a d’abord réalisé un mois de test durant lequel il a demandé aux utilisateurs de noter leurs impressions, positives et négatives sur les appareils. Le fabricant a ensuite réalisé les modifications nécessaires : « Si l’exosquelette soulage l’utilisateur sur un geste, il ne doit pas poser de problème avec un autre geste. L’avantage de l’équipement de Japet, c’est qu’il s’agit d’une ceinture qui oblige à adopter les bonnes postures. On ne peut pas se pencher en avant par exemple. », conclut Thomas Daudré-Vignier.

En 2021, But Logistique n’a enregistré que 5 arrêts de travail

But Logistique utilise déjà 5 de ces équipements. Ils sont à disposition de tous les employés, titulaires comme intérimaires. Le chef d’équipe doit d’ailleurs s’assurer que tous les salariés concernés par le port de charges l’essaient, l’objectif étant que son utilisation devienne un automatisme. D’après les employés, la seule contrainte de l’exosquelette est qu’il n’est pas adapté aux températures élevées. Comme il tenait trop chaud par-dessus les vestes de sécurité classiques, But a dû créer des tee-shirts de sécurité jaune fluo pour pouvoir le porter en été.

En 2021, les deux entrepôts lyonnais du distributeur n’ont enregistré que 5 accidents du travail, contre 25 en 2020, un changement en partie lié aux exosquelettes selon Thomas Daudré-Vignier. Le directeur des deux sites envisage d’ailleurs d’en commander d’autres, mais souhaite attendre la version 2 qui devrait sortir courant 2022. But Logistique compte aussi tester d’autres exosquelettes, ceux de Japet ne pouvant pas soulager toutes les parties du corps. L’entreprise souhaite notamment en trouver un pour ses employés qui travaillent en position assise.

Un équipement conçu avec des médecins

Afin de concevoir son équipement, Japet a fait appel à des médecins et scientifiques du CHRU de Lille, dont le Dr Fahed Zairi, directeur scientifique et neurochirurgien et le professeur Vincent Tiffreau, chef du service de rééducation. L’appareil est considéré comme un dispositif actif de prévention et de lutte contre les troubles musculosquelettiques au travail, et a reçu un agrément des autorités de santé.

Créé en 2016, Japet commercialise aujourd’hui son exosquelette à travers le monde. Après la France, l’Allemagne est son deuxième plus gros marché européen. Il est également vendu au Japon, en Corée du Sud, à Hong Kong, en Colombie, en Chine et à Singapour. Dans l’Hexagone, les équipes de la Croix-Rouge y ont recours dans des centres logistiques, des centres de soin, et dans les EHPAD gérés par l’organisme.

Clémence Tingry

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