À l’occasion de sa conférence européenne à Berlin, Manhattan Associates a fait le point sur sa plateforme WMS/TMS/OMS désormais cloud native. Cette architecture composée de microservices, avec API ouvertes et exécution in-memory doit donner aux grandes entreprises l’adaptabilité à la conjoncture et aux évolutions vers l’omnicanal et le direct-to-consumer. (Photo d’Eddie Capel, PDG de Manhattan E.Delsol)
En cet automne 2022, Manhattan Associates a choisi l’ancien cinéma de l’ex-Berlin-Est, le Kosmos, pour tenir du 10 au 12 octobre sa conférence européenne annuelle Manhattan Exchange. C’est dans ce lieu entièrement circulaire, censé évoquer le casque d’un cosmonaute, que l’éditeur a accueilli ses clients européens, chargeurs et logisticiens. Pas d’annonce pour ce retour à un événement physique après 3 ans de privation, mais l’occasion pour l’éditeur de WMS, OMS, TMS états-unien de revenir sur sa transition vers sa plateforme logicielle Manhattan Active Platform entièrement redéveloppée pour devenir cloud native.
Jusqu’en 2017, sa solution s’appuyait sur une architecture classique, en silo avec de grandes fonctions de WMS, TMS, OMS indépendantes les unes des autres. Il a alors décidé de réécrire entièrement sa plateforme à partir d’une page blanche, en microservices dans Google Cloud Service avec des API ouvertes et du machine learning. Selon son senior VP product Brian Kinsella, l’États-Unien aurait aussi multiplié par 100 sa performance en intégrant de l’exécution in memory. Enfin, Manhattan Associates a prévu du low code et du no code pour donner la main directement à ses utilisateurs sur certaines adaptations simples.
« Nous sommes dans Google Cloud avec de multiples sites répartis géographiquement en particulier en Europe, car c’est là que se trouvent la plupart de nos clients », a par ailleurs précisé Eddie Capel, P-dg de Manhattan Associates. Et lorsque c’est possible, les données restent dans le pays du client. L’ensemble de ses logiciels est désormais disponible sur la plateforme réécrite. Ses logiciels étaient déjà disponibles en SaaS avant d’être réécrits en cloud natif.
S’adapter au comportement erratique des supply chains
Avec cette architecture, l’éditeur veut proposer à ses clients plus d’adaptabilité et de flexibilité face à une supply chain de plus en plus chaotique et imprévisible. L’Histoire récente a donné raison à l’éditeur. Inutile ainsi de rappeler l’impact considérable de la pandémie sur le transport de marchandises et la logistique ou celui du blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs, de la guerre en Ukraine, de la pénurie de conteneurs et de ressources humaines ou de la crise énergétique… « Depuis trois ans, la supply chain n’a plus jamais fonctionné normalement, a résumé Eddie Capel face ses clients bien placés pour le savoir. Auparavant, nous avions toutes les données, toutes les analyses précises pour gérer des pics saisonniers par exemple sur le papier, l’eau. Mais soudain les usines asiatiques ont fermé et nous avons été privés des données d’inventaire.
Puis il y a eu la pénurie de chauffeurs. Puis, les stocks de produits ont rouvert. De nouveau, les entreprises ont fait des promotions… Au total, la logistique a subi au moins 4 grands cycles en 3 ans. Et face à ce constat, il faut plus d’agilité et de flexibilité. » D’autant que selon le CEO, d’autres enjeux prennent une place centrale. De plus en plus d’entreprises se tournent ainsi vers le multicanal, mais se lancent aussi dans le direct-to-consumer, avec des besoins de ship from store, ou d’un maillage de petits entrepôts robotisés simplement. Sans oublier le consommateur qui, face au moindre obstacle, au moindre refus, se tourne vers la concurrence.
Une nouvelle version tous les trimestres
Manhattan Associates a également détaillé l’une des premières conséquences directes de la réécriture de sa plateforme : le rapprochement de son WMS Active Warehouse Management et de son TMS Manhattan Active Transportation Management, disponible depuis le printemps. Et au détour d’une présentation, il a évoqué une nouveauté fonctionnelle en marge de son cœur de métier, avec Manhattan Associates Active Allocation. Un module développé afin que les magasins dans les secteurs du textile ou de la chaussure par exemple avec des produits avec tailles, pointures, couleurs, etc., puissent interagir avec l’inventaire quasiment en temps réel, pour en connaître l’état ou le mettre à jour. Un inventaire tenant compte des stocks des magasins (pour le click and collect, curb shopping, ship to store…) et des centres de distribution. Objectif ? Donner instantanément à un client la disponibilité précise du produit qu’il recherche, dans sa taille, sa couleur, pour une livraison où et quand il le souhaite. Et ainsi ne pas le voir partir vers une concurrence multiforme et multicanal. Il s’agit d’aligner l’allocation de l’inventaire avec l’approvisionnement omnicanal.
Par ailleurs, avec sa nouvelle architecture Manhattan Associates rend désormais disponible un package de nouvelles fonctions tous les 90 jours. Une accélération drastique puisqu’il ne livrait précédemment de nouvelle mouture que tous les 4 ou 5 ans. Mais en cloud native, on aurait pu s’attendre à la mise à disposition de nouvelles fonctions au fil de l’eau. « Nous sommes dans le B2B et nous vérifions et nous testons les nouvelles fonctions avant de le regrouper dans une release trimestrielle validée, justifie Henry Seroux, senior VP EMEA. En deux ans, environ 80 de nos clients, dont la moitié de nouveaux, ont migré vers Active Warehouse Management, par exemple. » L’éditeur compte 1500 à 2000 clients, dont 800 utilisateurs de son WMS.
Une organisation en squads à la Spotify
Enfin, Brian Kinsella senior VP product, a expliqué comment il a réorganisé ses équipes pour concrétiser la transformation de la plateforme. S’inspirant comme beaucoup des product squads de Spotify, il a créé de petites équipes multicompétences regroupant des product designers, des product managers, des ingénieurs dans lesquelles il a également inclus les clients. « Nous avons changé notre façon de travailler, car il fallait absolument faciliter le processus de réécriture de notre offre depuis une page blanche, a-t-il raconté. Chaque équipe est responsable d’une fonction et de sa mise à disposition à une date précise. C’est une nouvelle façon de travailler beaucoup plus véloce. »
La « yard squad », par exemple, a travaillé sur le sujet de l’expansion de capacité de la gare de triage (yard management) Une fonction importante du WMS. « Nous avons intégré 4 ou 5 clients de secteurs différents, raconte Brian Kinsella. Pour prioriser, designer, tester les usages. Tout est basé sur des mesures pour identifier ce qui est important de ce qui l’est moins. Il y avait 10 ou 11 cas d’usage essentiels. »
Emmanuelle Delsol