Livraison de courses à domicile, drive, points de retrait automatisés et multimarques, le e-commerce alimentaire marche dans les pas du e-commerce généraliste. À l’occasion de la Semaine internationale du transport et de la Logistique 2022 de Villepinte, Chargeurs, grands distributeurs et prestataires logistiques de l’alimentation ont partagé les démarches d’innovation du domaine et les services mis en place. Ils ont aussi évoqué les enjeux qui perdurent, en particulier en matière d’impact environnemental. (de G à D, Stéphane Legatelois de Delipop, Simon Lallement de Carrefour et Franck Journo de Néo 26 – Photo C.Tingry)
Sans surprise, la Semaine internationale du transport et de la Logistique 2022 (SITL) de Villepinte dont la thématique était la RSE a fait une place de choix à la logistique urbaine et au e-commerce. Lors d’une conférence sur le commerce alimentaire et les livraisons urbaines, chargeurs, logisticiens et cabinets de conseil ont partagé à la fois leur analyse des grandes tendances et les pratiques mises en œuvre pour y répondre.
Des consignes en température dirigée
« Pour comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui, il faut comprendre d’où l’on vient, a insisté Franck Journo, fondateur de Néo 26, cabinet de conseil en logistique pour le e-commerce. Il y a 10 ans, le consommateur devait prendre sa voiture, faire les courses, rentrer à la maison, ranger les produits. Aujourd’hui, il est devenu omnicanal. Tout se résume pour lui à l’utilisation de son smartphone. Et il réalise ses achats en fonction de ses besoins immédiats et de possibles impondérables. » Autant de raisons pour que, d’après le consultant, le e-commerce alimentaire continue de se développer dans les prochaines années.
En 2021, le e-commerce a augmenté de 15,1% en 2021 selon le baromètre annuel de la Fevad. Une tendance qui concerne aussi le e-commerce alimentaire. Depuis la pandémie, les offres de livraison de repas ou de courses à domicile se multiplient. Carrefour, Monoprix, Franprix, Leclerc, tous s’y sont mis : « Aujourd’hui, le consommateur veut à la fois du choix, de la réactivité, un bon prix, de la qualité, et le respect de l’environnement », a estimé Simon Lallement, directeur transport e-commerce de Carrefour.
Des livraisons dans la demi-heure et des casiers en température dirigée
Le grand distributeur a développé un vaste catalogue de services de livraison. Il propose ainsi bien sûr de faire ses courses en drive partout en France. L’entreprise a également déployé la livraison express dans les zones urbaines, avec la promesse de recevoir sa commande à domicile dans l’heure. Enfin, elle est aussi partenaire d’Uber Eats depuis le début de la pandémie en avril 2020 pour la livraison de certains produits alimentaires en 30 minutes à Paris, Lyon, Rennes, Nantes, Lille et Bordeaux. Dans ce cas, le consommateur réalise sa commande directement depuis Uber Eats, et non sur le site ou l’app de Carrefour.
De son côté, Stéphane Legatelois, PDG de la start-up Delipop, a présenté son réseau de points de retrait automatisés et multimarques pour le e-commerce alimentaire. La jeune pousse a ouvert son premier espace dans le 16e arrondissement de Paris et prévoit d’en inaugurer deux par mois dans la capitale en 2022. Carrefour fait d’ores et déjà partie de ses partenaires. Les casiers Delipop sont par ailleurs équipés en température dirigée pour livrer aussi bien des produits secs, frais que congelés. Le dispositif permet aux chargeurs et aux transporteurs de mutualiser les flux, d’optimiser le remplissage des camions de livraison. Delipop travaille également avec des petits commerçants locaux.
Le magasin physique cohabitera avec de nouveaux services en e-commerce
Autre sujet largement abordé durant la conférence, les impacts environnementaux du e-commerce : « Depuis que celui-ci existe, il est dans le collimateur des défenseurs de l’environnement, à juste titre : davantage de véhicules, congestion des villes, pollution, emballages… On n’aurait pas pu faire pire que ce qu’on a fait », a rappelé Franck Journo. Face à ce constat, les intervenants se rejoignent : il faut prendre des décisions radicales dès maintenant pour améliorer les choses, attirer les clients et accompagner le changement au lieu de le subir. Certaines solutions ont d’ailleurs été abordées telles que la mutualisation des flux permise par exemple par des solutions comme Dolipop. Ou l’utilisation de vélos cargo et de camionnettes électriques pour les livraisons, comme le font Carrefour ou de nombreux autres chargeurs et logisticiens.
« Le magasin continuera d’exister, a conclu Simon Lallement, à propos de sa vision de l’avenir du commerce alimentaire. Mais chez Carrefour, nous voulons être en mesure de donner le choix au consommateur, pour que d’où qu’il se trouve, il puisse être livré rapidement. S’il veut se rendre dans un magasin physique, il le pourra toujours, mais au moins, c’est lui qui décidera ». Pour Franck Journo, effectivement, « tout va se jouer avec la coexistence des dispositifs et la multiplicité des offres de service. Je crois très fort dans le magasin, mais pas dans sa forme actuelle. Désormais, il faut proposer une meilleure expérience client ». Enfin, comme l’a rappelé Stéphane Legatelois, « les entreprises devront répondre aux besoins des commerçants et du client, mais aussi de la ville, car c’est avant tout cette dernière qui impose les contraintes logistiques ».
Clémence Tingry