Quadient et Pickup de La Poste présentent de déconcertantes consignes colis résidentielles

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Quadient en mars puis aujourd’hui Pickup (La Poste) ont présenté des solutions de consignes colis à installer à proximité ou à l’intérieur des habitations. Malgré l’intérêt grandissant des consommateurs pour ces casiers automatiques dans l’espace public, cette solution logistique du « dernier mètre », pas forcément très innovante, pose de nombreuses questions sur ses usages potentiels. (Photo Quadient)

Début mars, Quadient présentait Parcel Pending, la déclinaison pour immeubles résidentiels de ses consignes pour colis. Pickup, filiale de La Poste spécialisée dans le même type d’offres, lui emboîte tout juste le pas, mais pour tout type d’habitation avec une solution qui sera disponible cet été. Avec la pandémie, plus d’un Français sur 5 a plébiscité le e-commerce en 2020 selon Mediamétrie. Et selon plusieurs études, la majorité continue de préférer la livraison à domicile déjà prisée avant la pandémie. Mais les acteurs de la chaîne logistique leur proposent désormais de nombreuses solutions de rechange entre drives, drives piéton, points relais ou encore consignes dans les gares ou d’autres lieux publics. Reste donc à comprendre le réel intérêt de casiers installés au pied des immeubles par rapport à toutes ces possibilités existantes.

Quadient – anciennement Neopost – dispose d’une activité héritée de l’accompagnement de la livraison de plis et de colis et a, dans ce cadre, déjà installé plus de 13 000 consignes automatiques en France. Parcel Pending de Quadient a été conçu sur la base de ces dernières, mais sous forme de modules qui s’adaptent aux agencements de résidences et aux volumes de colis. « Le dispositif est composé d’un module principal de 13 casiers de formats variés pour accueillir la majorité des formats de colis qui requiert environ un mètre linéaire, précise Aurélien Simon, chef de produit PLS (consignes colis automatiques) chez Quadient. Le service est mutualisé par immeuble ou par résidence en fonction des besoins. » Comme la grande majorité des systèmes de livraison, le consommateur a accès, en amont, sur un site dédié, à un suivi de son colis jusqu’au retrait au pied de chez lui.

Un dispositif et un suivi identiques aux consignes de l’espace public

Pour ce faire, sur le modèle habituel des consignes, il reçoit un code de retrait à 6 chiffres et un code-barres à usage unique par mail, par SMS ou sur l’app mobile Parcel Pending pour récupérer son colis, éventuellement sans contact. « Pour accéder aux casiers, les livreurs s’identifient eux aussi avec un code à 6 chiffres reçu au préalable, continue Aurélien Simon. Après quoi, ils ne peuvent plus accéder au casier ni à son contenu. La conception en acier apporte par ailleurs la solidité nécessaire pour conserver les colis en lieu sûr. »

Aucune interconnexion avec le SI du e-commerçant ou du transporteur n’est nécessaire. Il n’a besoin que du code d’accès au casier disponible. « Les consignes sont connectées en LAN ou en 3G, précise le chef de produit. Elles disposent d’un logiciel intégré, d’un portail web dédié aux gestionnaires de propriété et aux résidents, ainsi que d’une application mobile pour les résidents. » La solution est accessible à tous transporteurs sans aucun coût. Ils peuvent y déposer des colis ou collecter des retours. « Notre modèle économique consiste à vendre ou louer la consigne à la résidence, explique Aurélien Simon. Nous sommes en pourparlers avec plusieurs prospects pour une première installation. » Les résultats de ces tests permettront de savoir si les syndics ou les propriétaires d’immeubles voient un intérêt à payer pour un tel service.

Autonomie et proximité, mais pour quelle différenciation ?

Pickup, filiale de La Poste, veut proposer des consignes résidentielles y compris pour habitations individuelles (maquette La Poste)

Le réseau de relais Pickup de La Poste a même décidé d’aller un cran plus loin. Il proposera à partir de cet été des consignes dites « boîtes à colis » aux résidents de maisons individuelles, d’immeubles collectifs récents et anciens, en zone urbaine, périurbaine ou rurale. La filiale ne donne que peu de détails pour l’instant et annonce travailler pour rendre ces solutions « compatibles avec tous les habitats et leur permettre, au-delà du retrait de colis, de proposer des services additionnels proposés notamment par le Groupe La Poste. »

Dans la plupart des études sur la livraison de colis, les Français plébiscitent la livraison à domicile. Mais peu d’enquêtes étudient les préférences entre les différentes modalités de réception qui ont bénéficié de la pandémie, comme les points relais, les drives, les drives piétons et progressivement les consignes. Quand elles sont à proximité du domicile, du lieu de travail, ou sur le trajet entre les deux, ces dernières présentent d’indéniables avantages. Le client est en particulier totalement autonome quant aux horaires de récupération ou de retour de colis. L’accès au colis est simple et sécurisé, le retrait ou le dépôt de retour sont possibles à tout moment. La consigne « à domicile » présente ces mêmes avantages et quelques autres comme la livraison au domicile sans besoin d’être présent ni risque de devoir attendre au bureau de Poste, ou la suppression du temps d’attente du livreur ou encore la possibilité de recevoir de plus nombreux colis. Mais des questions se posent en matière de sécurisation d’accès à l’habitation par exemple. « La gamme de consignes à colis prévoit la possibilité d’une installation à l’intérieur dans un hall d’immeuble par exemple, précise ainsi Aurélien Simon. Il sera très prochainement possible d’envisager une installation à l’extérieur au sein d’une résidence, positionnée de manière stratégique afin de simplifier les livraisons comme les retraits. » Quid des accès via digicode ou interphone dans ce cas ? Du côté des usages, depuis quelques années, les boîtes aux lettres classiques ont adopté la taille des colis. Les consignes ne viendraient-elles pas, en doublon, occuper inutilement de l’espace ? Il faudra au moins attendre le résultat des projets pilotes pour le savoir.

Emmanuelle Delsol

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